Thérapie Narrative

Me voici formée en thérapie narrative.

L’approche narrative de Michael White et David Epston, considère que l’identité de l’individu est construite par ses relations et les histoires racontées à son propos. Elle propose une déconstruction des relations de pouvoir dans lesquelles l’individu se sent isolé et enfermé face à son problème, puis la reconstruction d’histoires alternatives dans lesquelles les individus retrouvent une relation avec leurs rêves et leurs aspirations. Un des grands points forts de l’approche narrative est de savoir guider l’individu dans la recherche et la reconnexion avec ses ressources cachées, celles qui n’ont pas été prises en compte au regard de leur histoire « dominante ». Le dernier ouvrage de Michael White « Cartes des pratiques narratives » est considéré par Julien Betbèze, psychiatre des hôpitaux et chef de service d’Accueil Familial Thérapeutique de Loire, comme « l’un des plus grands livres de thérapie parus depuis le début des thérapies brèves, il permet de comprendre de l’intérieur le génie créatif de Michael White, sa générosité, son engagement à déconstruire les effets négatifs des histoires dominantes, son respect absolu de tous les hommes »

Les concepts de base de la thérapie narrative

« L’inspiration pour l’approche narrative provient de l’insuffisance croissante des techniques utilisées en thérapie familiale durant les années 1970 et 1980. » ; Michael  White et David Epston  « voulaient développer une approche thérapeutique reconnaissant la vie de chaque personne comme une histoire en progression pouvant être considérée selon diverses perspectives et pouvant avoir une multitude de résultats. « Les histoires des clients sont vues comme des mécanismes à travers lesquels ils communiquent leur vie à un conseiller qui lui -même est de part influencé par le processus. »  (Freedman & Combs, 1996). Dans « Narratives Means to Therapeutic Ends » publié en 1990, Michael White et David Epston décrivent les objectifs de la thérapie narrative avec les principes suivants 
a) le client décrit le problème (son scénario dominant),
b) le client est encouragé à adopter des perspectives alternatives à travers la déconstruction des récits actuels,
c) le thérapeute aide le client à créer des récits plus utiles et plus satisfaisants.                                                

Les sources théoriques de l’approche narrative

Michael White s’est formé dans les années 1980 au Centre de Thérapie Brève de Palo Alto. Il reconnaissait également les influences suivantes :
• G. Bateson et son concept de « double description » : si le problème a de l’influence sur la personne, la personne ou la famille exerce également une influence sur la vie du problème;
• Le modèle de Palo Alto sur la déconstruction des problèmes à partir du blocage des tentatives de solutions
• Jacques Dérida, Michel Foucault, Pierre Bourdieux, philosophes de la déconstruction
• Gilles Deleuze et sa suggestion d’aborder les problèmes comme des « multiplicités dispersées »
• Jérôme Bruner pour qui le sens des choses ne se construit pas dans le cerveau mais est donné par la culture
• Barbara Myerhoff pour qui l’identité est une construction sociale au sein d’une communauté d’appartenance.
•  Lev Vygotski, créateur du concept de « zone proximale de développement », et pour qui  les interactions sociales sont primordiales dans un apprentissage. L’apprentissage est favorisé par l’étayage (une relation de protection).

Les champs d’applications de l’approche narrative

La thérapie narrative de Michael  White et David Epston a été appliquée, à ses débuts, au champ de la thérapie familiale pour s’étendre par la suite au traitement des traumatismes, des désordres alimentaires (anorexie/boulimie), de la schizophrénie, des dépendances,  du deuil, de la violence conjugale. Michael White est également connu pour son travail auprès de diverses communautés (aborigènes de la Nouvelle Galles du Sud, rescapés du Rwanda, conflit des Trois-Nations à Toronto…).
La thérapie narrative deviendra par la suite  « Pratiques narratives » ou « Approches narratives » au fur et à mesure de son investissement dans de nouveaux champs d’action tels que le coaching en entreprise, le travail social, l’éducation, la thérapie individuelle et familiale et de nombreux métiers liés à l’accompagnement.

Les principes clé de l’approche narrative

Une conception narrative de la vie

La vie doit donc être considérée avant tout du point de vue de celui qui en fait le récit. Les « réalités » sont construites socialement à partir des modes habituels d’interaction, d’alimentation, de logement, de transport, d’éducation. Au fil du temps les individus finissent par oublier que ce qu’ils perçoivent de leur « réalité » n’est que le fruit des constructions mentales de leur communauté. Ces constructions deviennent des histoires qui véhiculent des normes et des dogmes (valeurs et croyances, coutumes, institutions, règles et lois) et qui exercent un pouvoir ou contrôle socio-culturel invisible.

Une conception narrative de l’identité

L’identité d’une personne  n’est pas le résultat d’un compte-rendu descriptif des événements qui ont marqué sa  vie. L’identité se construit plutôt à partir des histoires racontées à son propos, donc à partir des relations avec les autres. Ce sont les récits à propos de  leurs expériences et validés par les autres qui donnent forme à  l’identité.  Une personne qui est perçue comme agressive, anxieuse, timide…etc,  peut se conformer à une histoire qui l’enferme dans ses identités. La compréhension de l’influence restrictive de ces histoires dites dominantes car elles limitent les choix de l’individu, permet d’en modifier certains aspects et d’en construire de nouvelles plus aidantes

L’externalisation du problème

Le client est invité à considérer son problème/symptôme comme extérieur à lui, donc de s’en dissocier. Les questions de l’intervenant ne portent donc pas sur la personne mais sur le problème (non pas la personne anxieuse, mais l’anxiété). La personne n’est pas le problème. L’extériorisation du problème permet  de dissocier l’identité de la personne de l’histoire qui véhicule le problème, de responsabiliser le sujet sur ses propres solutions, et de percevoir des solutions alternatives non encore sollicitées.

L’expertise du client au cœur de la relation

La démarche narrative intègre les approches collaboratives qui considèrent que “le client est celui qui sait”. Les personnes qui ont une demande de changement sont considérées comme les auteurs et experts de leur propre vie. Ayant écrit leur propre histoire, ils sont capables d’en écrire d’autres, porteuses de solutions, de compétences et ressources à mettre en œuvre pour résoudre le problème des histoires précédentes.

Une approche collaborative de la conversation narrative

La collaboration entre praticien et client va s’engager comme une conversation bienveillante, respectueuse, ni culpabilisante, ni normalisante ou pathologisante, et qui place la personne au centre de la relation. Si le client est au centre, le praticien est décentré, se situant dans une attitude de non-savoir, de curiosité et de perplexité. Le praticien des approches narratives travaille dans le cadre de référence du client sans essayer de le modifier. Des techniques spécifiques de conversation dirigent l’attention sur les « exceptions » c’est-à-dire les compétences utilisées par les personnes et les groupes lorsqu’ils ne sont pas confrontés au problème. Guidée par des cartes, les situations vont être abordées avec des angles multiples et des niveaux différents. La conversation narrative va inviter le client à explorer des territoires inconnus, à la recherche des clés d’une nouvelle histoire à écrire, une histoire qui reconnecte la personne avec ses profondes aspirations, ses valeurs et ses rêves, une histoire qui libère au lieu d’enfermer.

Une méthodologie d’intervention issue des théories de l’apprentissage

Le développement d’un individu dépend des conditions de  l’apprentissage. Ce dernier est favorisé par un sentiment de protection, qui lui-même permet l’accès à une conscience des émotions subtiles, des intentions, des valeurs et des principes de vie.

Article « Institut Repère »


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